Faire rouler l’économie circulaire

Zoom sur les initiatives en économie circulaire dans la MRC du Granit.

Collaboration Coup de pouce Mégantic

On le sait, on nous le répète : la planète étouffe, et nous consommons trop pour ce que la Terre peut supporter. Malheureusement, la cour est pleine. Et les ressources, limitées. En mars 2019, l’ONU lançait cet avertissement : « L’avenir des ressources mondiales montre que nous exploitons les ressources limitées de cette planète comme s’il n’y avait pas de lendemain ».1

Conséquences qu’on connaît : changements climatiques et perte de biodiversité.

Une solution apportée pour tenter de laisser une planète vivante à nos enfants : l’économie circulaire. Parmi les principes : récupérer ce qu’on possède déjà. Trouver de nouvelles façons de réutiliser des rebuts. Partager des ressources entre entreprises ou individus.

« La base de l’économie circulaire, c’est de conserver la croissance économique, tout en trouvant des solutions parmi les ressources qu’on a déjà, plutôt que de les épuiser », explique France Bergeron, directrice des services techniques à la Ville de Lac-Mégantic. 

Dans la MRC du Granit, plusieurs organisations appliquent ces principes. Voici quelques-unes d’entre elles. 

COUP DE POUCE MÉGANTIC

Ouverte et dirigée depuis 2017 par Marie-Hélène Gagné, une entrepreneure dynamique, Coup de pouce Mégantic est une entreprise de sous-traitance industrielle. Les 18 000 pieds carrés de cette usine sont divisés en départements : couture, imprimerie, bois, ensachage… Vous avez un besoin, ils ont une solution.

Sa particularité? « Avec chaque nouveau projet, on se demande : que pourra-t-on faire avec les rebuts? », explique la directrice générale, Marie-Hélène Gagné. Ici, chaque déchet issu de la production trouve une nouvelle vie et rien n’est jeté. 

Un nouveau projet, en collaboration avec la MRC du Granit et Recyc-Québec, rend Marie-Hélène Gagné très fière. Des sacs réutilisables confectionnés à 100 % à partir de rebuts de tissus provenant des usines de couture de la MRC. C’est ainsi qu’a été créé, par la patronniste Geneviève Côté de Créa-ture (St-Sébastien), un sac utilisant du cuir de chez Royer (Lac-Drolet), des tissus de maillots de bain du Groupe CSR (Saint-Romain), du jeans de Confection NF Denim (Stornoway), etc.

Ces sacs pourraient devenir des cadeaux corporatifs aux logos d’entreprises, par exemple. Et on pourrait les apercevoir aux bras des gens qui font leurs emplettes dans la région!

ATTRACTION

Fondée à Lac-Drolet en 1980, et rachetée en 2017 par Julia Gagnon et Sébastien Jacques, l’entreprise Attraction est connue pour la fabrication de ses vêtements promotionnels. « L’environnement, ça a toujours été important pour moi. En tant que personne, et en tant qu’entrepreneure », confie la VP opérations, Julia Gagnon. « Déjà avant la pandémie, on avait déterminé deux principales sources de déchets dans notre entreprise afin de réduire notre impact environnemental : les boîtes de cartons qui arrivaient de nos fournisseurs en Asie, et les chutes textiles issues de la produc-tion de notre ligne Ethica. »

Pour les boîtes, ils les ont rendues plus solides, et elles pouvaient donc désormais être réutilisées. Pour les restants de tissus, la VP opérations explique : « Après avoir cherché pendant un moment, on a trouvé qu’on pourrait broyer nos fameuses retailles pour en faire de la bourre de coussin ». À la suite de tests chez leur fournisseur en Asie, qui avait la machine nécessaire pour broyer les tissus, ils ont fait le saut et acheté la même machine, installée chez Coup de pouce Mégantic.

Résultat : de superbes coussins stylés avec des housses en coton bio et en chanvre, chacun rembourrés des retailles textiles de 50 t-shirts Ethica. À partir des retailles des housses, ils créent aussi des linges à vaisselle et de table.

Attraction a également créé des mitaines en tissu recyclé, et travaille à recevoir la certification B Corp, obtenue entre autres par les compa-gnies Burton et Patagonia, qui démontre un engagement social et environnemental. « Je veux laisser une belle planète à mes enfants », confie Julia Gagnon.

VILLE DE LAC-MÉGANTIC

« En matière de gestion des matières résiduelles, Lac-Mégantic peut se vanter d’avoir été précurseur dans les années 1990. On a créé une boucle d’économie circulaire avec nos matières », explique France Bergeron, directrice des services techniques de la Ville de Lac-Mégantic. Déjà en 1995, la Ville avait instauré un programme qui incitait au compost domestique. Une cohorte d’une trentaine de résidents y participait par année.

C’est toutefois en 2004 que le premier projet pilote officiel a été lancé, avec des bacs roulants. Depuis, trois sortes de compost sont créés localement chaque année (à partir des déchets domestiques, des boues du centre d’épuration et des boues issues de fosses septiques). Au printemps, chaque contribuable de Lac-Mégantic peut aller se chercher du compost de déchets domestiques. 

Les composts de boue sont quant à eux prisés par les cultivateurs et les entrepreneurs en terrassement. 

Mais ce qui distingue particulièrement la Ville, c’est sa gestion directe des matériaux secs, issus de la construction et des usines locales. « Beaucoup d’entreprises produisent des rebuts de bois, de fer, d’aluminium, de cuivre, etc. On a intégré cette collecte à même notre service municipal, afin d’empêcher que ça se retrouve à l’enfouissement », explique France Bergeron. Que ce soit du bois usagé racheté comme matière première par des industries locales, ou des bardeaux d’asphalte réutilisés, le tout se retrouve donc chez AIM Recyclage à Frontenac qui trie les matériaux et leur permet de se trouver une nouvelle vie.

TAFISA 

Depuis son ouverture en 1992 à Lac-Mégantic, l’usine Tafisa, qui fabrique des panneaux de particules (la mélamine), récupère des rebuts de la première transformation du bois (sciure, copeaux et planure). Et depuis 2005, l’usine utilise du bois recyclé post-consommation, appelé CRD. Il s’agit du bois utilisé en Construction, Rénovation, et Démolition, et qui passe par les centres de tris. « Nous sommes la seule usine de panneaux de particules en Amérique du Nord qui travaille à partir du bois de CRD », confie Julie Moisan, coordonnatrice en environnement, CPI, chez Tafisa. 

Près du tiers de la consommation totale du bois de l’usine est ainsi récupéré des centres de tri. Tafisa a même un procédé, Rewood, qui enlève métaux, papiers et plastiques qui auraient pu rester du premier nettoyage au centre de tri. « Notre motivation, chez Tafisa, c’est d’aller vers un procédé plus vert, d’aller plus loin dans le recyclage des matières. Les scieries ont baissé de volume depuis 20 ans, et avec les années il a fallu être créatif pour trouver d’autres types de matières premières pour les remplacer. C’est ça le développement durable : concilier le côté environnemental, économique et social », explique Jonathan Lamarre, ingénieur de production à l’usine.

Quelques stratégies de l’économie circulaire

Écoconception : s’assurer que le produit respecte les critères environnementaux dès sa conception. 

Exemple : la marque Ethica chez Attraction. Les vêtements sont 100 % fabriqués au Québec, à partir de coton bio et de polyester recyclé. Chaque vêtement permet de recycler entre 5 à 15 bouteilles de plastique.

Écologie industrielle (et territoriale) : quand des entreprises se partagent des ressources. 

Exemples : Bestar qui fait transformer de ses produits chez son voisin Coup de pouce Mégantic, ou Tafisa qui envoie ses panneaux déclassés chez Multi-Pièces Lac-Mégantic, qui en fait du matériel d’emballage racheté par Tafisa ensuite. 

Recyclage et compostage : valoriser les rebuts. 

Exemple : chez Coup de pouce Mégantic, des palettes de bois sont devenues des cadres vendus sur Etsy, ainsi que des présentoirs pour les vins du Domaine des Coulées. 

Économie sociale : intégrer la communauté dans la vente et la confection, et améliorer son bien-être.

Exemple : chez Coup de pouce Mégantic, on emploie des gens éloignés du marché du travail (peu importe leur contrainte physique ou intellectuelle). Tout est mis en place pour qu’ils apprennent à leur rythme et s’épanouissent.

  1. Extrait du communiqué de presse du 12 mars 2019, par ONU Programme pour l’environnement (unep.org/fr), intitulé L’ONU appelle à reconsidérer de toute urgence l’utilisation des ressources alors que leur consommation augmente en flèche.

Précédent
Précédent

Désencombrer pour mieux respirer!

Suivant
Suivant

Jardiner en hiver, oh que oui!